Crédit photo : P. Forget/Sagaphoto

« Désamorcer la mort, relancer la vie »

Marcel Arnaud, professeur de neurochirurgie (1896-1977)

À propos de « 10 gestes qui sauvent »…

par Bernard Laygues

group of people walking on pedestrian lane
Jacek Dylag — Unsplash

Sou­ve­nons-nous de la Grande Cause natio­nale 2016, titrée « Adop­tons les com­por­te­ments qui sauvent » 1. Mis­sion confiée par la secré­taire d’État d’alors, Juliette Méa­del (Aide aux vic­times), à un duo de cir­cons­tance : le doc­teur Patrick Pel­loux, le colo­nel Éric Faure, pré­sident alors de la Fédé­ra­tion natio­nale des sapeurs-pom­piers. Deux per­son­na­li­tés majeures des secours et des soins pré­hos­pi­ta­liers. Objec­tif : pro­po­ser de nou­veaux moyens pour la for­ma­tion des citoyens aux pre­miers secours. En route donc selon le trip­tyque de la com’ : plaire, émou­voir, convaincre. Donc péda­go­gie pun­chy, moyens au top. Pas tou­jours évident à la longue : le pas­sé l’a prou­vé avec « Les  10 gestes qui sauvent », livrés aux bonnes inten­tions plus qu’à leur appli­ca­tion concrète  dans la population. 

Si, au moins, nous affi­chons un cer­tain âge, nous nous sou­ve­nons : de 1981 à 1987, chaque same­di soir, sur TF1, ces quelque 6 mil­lions de télé­spec­ta­teurs accros à Droit de réponse. Débats ani­més par le regret­té Michel Polac. Comme jamais, des polé­mistes s’y affron­taient, façon pit­bulls. Après des thèmes comme « Hôpi­tal silence ! » ou « Les caisses noires », sur­vint « Au secours ! », avec la par­ti­ci­pa­tion d’un colo­nel de pom­piers, direc­teur dépar­te­men­tal de l’Oise.

Dans son livre Mes dos­siers sont les vôtres (Bal­land), Polac était reve­nu sur cette émis­sion : « Elle m’a lais­sé sur ma faim », confia-t-il. Et d’écrire : « Mal­gré une timide cam­pagne sur “Les 10 gestes qui sauvent”la plu­part d’entre nous n’en connaissent pas un seul. Il serait bon que la télé­vi­sion les rap­pelle  […]. On pour­rait les ensei­gner dans les écoles. […] Car l’un des fléaux de notre époque, c’est l’indifférence, c’est de voir une foule pas­ser sans s’arrêter devant un homme à terre (expé­rience que j’ai fil­mée voi­là quinze ans), ce sont des auto­mo­bi­listes qui ne se portent pas au secours d’un bles­sé au bord de la route ; c’est notre stu­pide igno­rance d’habitants des villes, inca­pables de savoir ce qu’il faut faire […] en cas d’incendie, alors que le feu était autre­fois l’affaire de cha­cun et de tout le vil­lage. Aujourd’hui, tout devient spé­cia­li­té, et plus per­sonne ne se sent concer­né par ce qui n’est pas sa pro­fes­sion. Autre­fois, vous criiez “Au secours !”, tout le monde se pré­ci­pi­tait ; aujourd’hui, per­sonne ne se retourne… » Et puis : « J’ai deman­dé à Huguette Bou­char­deau, [alors] ministre de l’Environnement, et à Haroun Tazieff, [alors] secré­taire d’État aux Risques majeursce qu’ils feraient si les sirènes, un jour, son­naient non pas le pre­mier mer­cre­di du mois à midi, mais… à 2 heures du matin. Ils ont avoué qu’ils n’en avaient pas la moindre idée. » 

Aujourd’hui, les Fran­çais sont-ils mieux « bran­chés », à la manière des Anglo-Saxons ou des Scan­di­naves, sur le coup de main pos­sible de tout un cha­cun quand la vie bas­cule ? Le 20 avril, à l’occasion de la remise du rap­port adé­quat au gou­ver­ne­ment, le colo­nel Éric Faure avait, dans l’excellent Maga­zine de la san­té (France 5), pré­ci­sé­ment fla­shé sur les 13 minutes (en moyenne) d’attente des pom­piers sur une urgence abso­lue. Avec cet impé­ra­tif : d’abord for­mer aux gestes sal­va­teurs tous les fonc­tion­naires au contact du public, et vrai­ment mettre dans le coup col­lèges et lycées. Cette fois-ci, c’est l’avenir qui dira… Jusqu’à pré­sent, l’avenir se fait attendre. 

  1. Cam­pagne signée Fédé­ra­tion natio­nale des sapeurs-pom­piers de France, Croix-Rouge fran­çaise, Fédé­ra­tion natio­nale de pro­tec­tion civile.[]
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