Crédit photo : P. Forget/Sagaphoto

« Désamorcer la mort, relancer la vie »

Marcel Arnaud, professeur de neurochirurgie (1896-1977)

Nos infirmiers-ères :
terrain conquis

par Bernard Laygues

Photo SDIS 06

Retour, pour mémoire, au congrès « Urgences 2019 », tenu sous l’autorité de la SFMU (Socié­té fran­çaise de méde­cine d’urgence) et de SUdF (Samu-Urgences de France). À la suite d’autres ora­teurs, le doc­teur Fran­çois Braun (alors pré­sident de SUdF) annonce qu’il va « faire un peu de science… parce qu’on est dans un congrès scien­ti­fique ». Tant mieux : on écoute ! 

Alors, pour illus­trer son pro­pos, il pro­jette sur écran l’image de l’homme de Néan­der­tal1, puis en contre­point un gilet d’intervention d’infirmier-ère sapeur-pom­pier. Puis (en confé­rence TEDx) il file la méta­phore : « Comme dans l’évolution [des espèces], il y a des branches —  en tout cas, c’est mon point de vue — qui sont vouées à la dis­pa­ri­tion… Néan­der­tal a appor­té son ADN dans notre construc­tion, c’est-à-dire qu’il a été indis­pen­sable à un moment don­né, mais il n’a pas sur­vé­cu ». De quoi signi­fier le sur­sis pour nos infir­miers-ères de terrain… 

Bonne pré­cau­tion : avoir dit « c’est mon point de vue ». On peut, en effet, être un urgen­tiste de haut niveau, deve­nu en juillet 2022 ministre de la San­té (jusqu’à juillet 2023…), sans  connaître la géné­tique. Et il nous semble que, comme disait Tal­ley­rand, « tout ce qui est exa­gé­ré est insi­gni­fiant ». D’autant que l’on ne compte plus les études qui contre­disent l’assertion « scien­ti­fique » du doc­teur Braun. Futu­ra San­té, maga­zine numé­rique de réfé­rence, au conte­nu ency­clo­pé­dique, a su résu­mer ain­si ces études : « La struc­ture ori­gi­nale de l’ADN en double hélice lui per­met de se dupli­quer en deux molé­cules iden­tiques entre elles et iden­tiques à la molé­cule mère lors du phé­no­mène de répli­ca­tion qui a lieu avant la divi­sion cel­lu­laire. L’in­for­ma­tion géné­tique n’est ain­si jamais per­due, et peut se trans­mettre […] via les cel­lules ger­mi­nales. » 

Pho­to SDIS 03

Eh bien, voi­là qui conforte d’emblée l’avenir de nos infir­miers-ères ! Mais bri­sons là, sans même rap­pe­ler l’état inquié­tant de la démo­gra­phie médi­cale et l’évidente uti­li­té de l’élément para­mé­di­cal en pré­hos­pi­ta­lier. Nous, les anciens, pour avoir pu obser­ver le déve­lop­pe­ment des 3 SM2, savons ce qu’il en est.

Voi­là 26 ans, nous écri­vions dans 200 000 sapeurs-pom­piers volon­taires et vous (hors-série du maga­zine Le Sapeur-Pom­pier) : « Certes, il peut y avoir ici ou là une struc­ture plus spé­cia­li­sée, mieux équi­pée face à l’urgence… Il n’y a pas mieux répar­tis sur nos ter­ri­toires, mieux accor­dés aux réa­li­tés locales, plus rapides, plus dévoués (ça compte !) que ces géné­ra­listes du risque [pom­piers tant volon­taires que “pros”] ». Or, depuis lors, bien des infirmiers/ères — dont nombre d’IADE3 majo­ri­tai­re­ment volon­taires — n’ont ces­sé de s’affirmer dans nos Sdis, sous l’autorité des méde­cins-chefs. Avec ce sou­ci per­ma­nent : « La vic­time au centre du sys­tème. »  

N’ar­rive-t-il jamais, par exemple, qu’une fois ou l’autre, face à une urgence vitale, un Smur au com­plet ne puisse inter­ve­nir pour cause de doc­teur en méde­cine rete­nu ou retar­dé ? Alors, en lieu et place, vaut-il mieux un/une infirmier/ère, voire « en pra­tique avan­cée » (titre désor­mais recon­nu en droit), ou rien de plus qu’une prise en charge basique ? Ques­tion per­ti­nente ou non ? Si c’est non, à quoi ser­vi­raient les Pisu (Pro­to­coles infir­miers de soins d’urgence) signés par six orga­ni­sa­tions médi­cales4, dont la SFMU et SUdF. Une avan­cée pas encore appli­quée au top dans tous nos dépar­te­ments. Pourquoi ?

  1. En par­tie contem­po­rain de l’homme de Cro-Magnon, il a dis­pa­ru autour de 30 000 ans avant notre ère.[]
  2. Ser­vices de san­té et de secours médi­cal des sapeurs-pom­piers de France.[]
  3. Infir­miers-ères anes­thé­sistes diplômés(ées) d’État.[]
  4. La SFMU (Socié­té fran­çaise de méde­cine d’urgence), le CARUM (Club des anes­thé­sistes-réani­ma­teurs et urgen­tistes mili­taires), le CFRC (Conseil fran­çais de réani­ma­tion car­dio-pul­mo­naire), la SEMSP (Socié­té euro­péenne de méde­cine de sapeurs-pom­piers), la SFAR (Socié­té fran­çaise d’anesthésie et de réani­ma­tion), la SRLF (Socié­té de réani­ma­tion de langue fran­çaise). []
Partager sur Facebook
Partager sur Twitter
Partager sur Linkdin
Partager par email

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

À lire également…